Réflexions

À propos du projet du port de Lézardrieux

La Mairie de Lézardrieux porte actuellement un projet de développement de son port qui fait débat, en raison notamment de son cout : 3,9 millions, financés à hauteur de 1,1 million par des subventions, le reste par autofinancement et par emprunt. On notera que ce niveau de subventions est remarquable dans une période de restrictions. Il est le signe de la confiance des pouvoirs publics dans le projet. Mais le débat est là.

Les promoteurs du projet mettent en avant :

  • la nécessité de mettre l'accueil du port « au niveau » des autres ports de la côte tels que Saint Cast, Roscof, ou Saint Quay. Cette mise à niveau a été commencée depuis trois ans, avec l'équipement du « prostern », puis la porte du bassin à flots. Il s'agit aujourd'hui de la dernière phase : un accueil moderne adapté à la Plaisance de demain, impliquant notamment la construction d'une Capitainerie capable d'accueillir des équipages de régates nationales ou internationales. Il s'agit enfin d'adapter nos pontons aux unités de passage de grande taille , et d'augmenter nos capacités d'accueil (36 places supplémentaires). Quelle Plaisance demain? On estime dans la profession que les propriétaires actuels de bateaux, voiliers canots motorisés, vedettes etc sont une sorte d'espèce en voie sinon de disparition, du moins de diminution significative, et qu'ils seront progressivement remplacés par la location, de plus en plus répandue non seulement en France, mais dans toute l'Europe, Cette évolution entraînera le remplacement des bateaux actuels par des unités plus importantes, avec les conséquences que l'on devine sur l'organisation des pannes et des mouillages. On constate par ailleurs que l'âge moyen des propriétaires, qui est de 65 ans à Lézardrieux, augmente régulièrement d'un an tous les ans, et qu'à ce rythme, les contrats d'amodiations des places iront en se raréfiant, ce qui rendra difficile l'équilibre des comptes…
  • Que face à ces évolutions, seuls quelques ports subsisteront, et parmi eux, Lézardrieux, en raison de sa situation exceptionnelle, à conditions d'offrir un accueil et des équipements compétitifs.

Les détracteurs du projet mettent en avant :

  • le fait que les actuels usagers du port ne sont pas demandeurs, et que ces investissements ne leur serviront à rien. Dont acte.
  • et que le bénéfice de ce projet, si bénéfice il y a, se fera au profit des territoires, Région, Département, etc. et que c'est donc à eux d'en supporter le cout ! Ben voyons !

Pour notre part, nous considérons cet investissement comme pertinent, pour les raisons suivantes :

  • la modestie des services actuellement offerts aux visiteurs, et aux usagers, est patente. Il suffit d'aller faire un tour dans les ports cités plus hauts pour faire la différence : on réalise immédiatement l'absence d'investissements sérieux des précédentes municipalités pendant des décennies.
  • l'évolution de la plaisance est inéluctable, et les ports qui survivront seront ceux qui offriront véritablement un niveau d'excellence. Ce projet est construit sur la base d’un diagnostic partagé par tous les acteurs compétents du secteur. Il est appuyé par les collectivités territoriales, parce qu’il a clairement la dimension d’un équipement structurant pour la presqu’île et même bien au delà. L’importance du port pour la Commune est bien connue et il serait désolant de n'avoir qu'une vision comptable à court terme (c'est cher!!) devant un projet qui gènèrera un développement dont les Lézardriviens seront les premiers à bénéficier. (hôtellerie, commerce, tourisme chantiers navals etc)
  • Refuser ce projet et tenter de le bloquer avec des arguments de gros sous est facile, mais c'est aussi prendre une responsabilité redoutable. Lorsque l'on verra les autres ports se développer et pas nous, il faudra alors que les détracteurs du projet expliquent pourquoi on a choisi la stagnation, voire le déclin!

Sus à l'innovation

Tout le monde sait aujourd'hui que les poissons de la mer ne sont plus assez nombreux pour nourrir l'humanité, et que, si l'on aime le poisson, la seule solution d'avenir réside dans l'aquaculture.

Mais l'aquaculture a mauvaise réputation : on a lu dans la presse les conditions lamentables des élevages marins dans certains pays, qu'il s'agisse de saumons, de truites, de turbots, ou encore de crevettes ou de bivalves. On sait que ces élevages sont nourris des farines les moins coûteuses possibles, que les parasites nuisibles pour les poissons (les poux de mer, entre autres), y sont éliminées à grand coup d'antibiotiques…et que les « effluents » des poissons entraînent inexorablement la ruine des fonds marins...

Et voilà qu'on nous propose une expérimentation d'élevage de truites, où les effluents des poissons sont recyclés par les algues, et les parasites éliminées par la présence de moules qui en sont friandes.

Serait-ce un miracle ? Une aquaculture vertueuse qui ne fait appel à aucun produit de synthèse, qui reproduit le cycle vertueux de la nature ? En France on se méfie de la nouveauté, alors on s'arrange pour mettre des gros bâtons dans les roues des innovateurs :

  • D'abord un véritable chemin de croix administratif pour obtenir les autorisations nécessaires. Et pour faire bonne mesure, on commence par refuser la présence des moules, pourtant indispensables à la réalisation du fameux cycle vertueux de ce qu'on appelle aujourd'hui «l' aquaculture multitrophique intégrée » (AMTI) : c'est la cohérence même du projet qui est écartée d'un revers de main !
  • Et puis une levée de boucliers générale, par principe : pas maintenant et surtout pas chez nous…
    Reste la question posée par les ostréiculteurs qui s'inquiètent du risque de pollution pour leurs productions voisines : il est difficile de mesurer ce risque, qui paraît faible compte tenu de la taille très modeste du projet, mais difficile aussi de ne pas prendre en compte cette légitime inquiétude.

Qui est donc cet innovateur ? La société Symbiomer qui demande de pouvoir faire une expérimentation à toute petite échelle (vingt tonnes!), et qui se voit opposer mille arguments qui démontrent que l'avenir ne peut être que dans la réplique du passé… La Commission Mer et Cultures Marines qui se réunira le 2 octobre prendra une rude responsabilité si elle oppose une fin de non recevoir à ce beau projet. La responsabilité de couper le cou à une innovation qui ouvre des perspectives nouvelles non seulement pour la Bretagne, mais peut-être pour toute l'aquaculture mondiale !

D'autres que nous le développeront, à commencer par le Canada qui investit massivement dans cette « aquaculture propre ». Les Copains du Trieux soutiennent bien evidemment ce projet.

Le Trieux envasé
(article publié le 2 novembre 2016)

Un vieil ami, aujourd'hui disparu, me racontait jadis que lorsqu'il était enfant, il allait se baigner au Lédano qui était alors une « grande plage de sable fin...». Le port de Pontrieux s'apprête une fois encore à « dévaser », c'est-à-dire, en clair, à déverser les vases qui l'encombrent dans le Trieux. Le Préfet l'autorise (décrets préfectoraux des 19/04/11 et 3/06/14) et l assure (courrier du 15 /07/15) qu'il n'y aura aucun impact « significatif » pour l'environnement. Le déversement autorisé des boues du port est de 8000m3 par opération, et l'autorisation actuelle va jusqu'en 2021, c'est à dire que le Trieux va recevoir 24000m3 de boues d'ici l'échéance, en attendant la suivante. Contrairement à ce que pense l'Administration, ces opérations ne sont pas sans conséquences :

  1. L'impact sur l'environnement évoqué dans le courrier du 15/07/15 est mesuré par l'opérateur (Marinov) lui-même! Il doit être possible de faire mieux…
  2. les boues sont néfastes à la navigabilité : on ne passe plus partout dans le Trieux, et depuis que le « Côtes d'Armor » ne navigue plus, les fonds remontent (il traçait sa route dans la souille!)
  3. Il suffit de regarder une carte du Trieux pour comprendre que le devers des méandres est aujourd'hui un énorme entassement de boues qui ne fait qu'augmenter avec le temps.
  4. le port de Lézardrieux reçoit cet héritage dont il ne sait que faire. Il n'a pas les moyens de stocker ces boues (qui ne sont pas les siennes!) ; il n'a pas le droit de les répandre au large (opérations dites de « clappage », autorisées chez les seuls ports marchands) ; il subit lui aussi une remontée des fonds, au niveau du Prostern, et de sa panne sud qui n'est plus accessible par grandes marées.

Si le problème de la vase touche par définition tous les estuaires ( la question se pose aujourd'hui de façon cruciale pour la Rance) la solution retenue par la Préfecture ne règle rien. Elle n' a aucune pertinence écologique ni économique : ou bien il faut autoriser le clappage (solution à minima, moins coûteuse à court terme..) ou bien prendre une décision forte et surtout durable qui consiste à pomper les vases, les stocker, et les valoriser.
Les anciens les utilisaient comme épandages. Au moment où l'on parle de la fin programmée des engrais chimiques, il y a peut-être là une idée à creuser...
On comprend bien que les investissements nécessaires à une solution durable dépassent les moyens d'un port comme celui de Pontrieux. Les coûts pourraient être pris en charge par le Région, le département, et peut-être même bénéficier de subventions européennes.

Un jour, le Lédano, peut-être…

JN Destremau, Président des Copains du Trieux

Quelle gouvernance pour le Trieux ?
(article paru dans Ouest-France, le 20 novembre)

A l'heure où les pouvoirs publics annoncent de vastes réformes administratives, il est intéressant de faire un état des lieux concret, sur un site existant. L'association « les Copains du Trieux », qui s'efforce depuis bientôt dix ans de protéger le site exceptionnel du Trieux, se pose la question de la gouvernance de ce site.

11 communes riveraines, 3 communautés de communes, 3 conseillers généraux, 2 préfets, 3 sous-préfets, 2 députés, 2 pays se partagent l’administration de notre estuaire, sans oublier les deux évêchés du temps jadis dont l’influence se fait encore sentir entre le Trégor et le Goélo…

Et comme l’administration française adore proliférer, nous pataugeons entre des PLU (Plan Local d’Urbanisme), 3 SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale), 1 SMVM (Schéma de Mise en Valeur de la Mer), NATURA 2000, Conservatoire du Littoral, des sites protégés, des sites naturels, des monuments historiques, etc…

Prenons comme exemple les limites administratives définies par arrêtés préfectoraux, qui oublient que notre rivière coule dans les deux sens !

Limite transversale de la mer sur le Trieux : (ligne droite partant du Moulin de Traou Meur et aboutissant à la maison du Garde Maritime).

En aval de cette limite les eaux sont maritimes et relèvent de la compétence du Préfet Maritime de Brest. En amont les eaux sont fluviales et relèvent de la compétence du Préfet départemental.

Toutefois en matière de pêche, les eaux restent maritimes jusqu’à limite de la salure des eaux (Goas Vilinic).

Toutefois en matière de navigation les eaux restent maritimes jusqu’à la limite de l’Inscription Maritime. (Chaussée du moulin de la Roche Jagu).

Toutefois l’emprise administrative des ports relève de la compétence du Conseil Général. En face de ce labyrinthe administratif, des dizaines, peut-être des centaines d’associations dont les activités touchent peu ou prou à l’estuaire

Pêcheurs à pieds, à la ligne, plaisanciers, goémoniers, randonneurs, protection de la nature, de l’environnement et du patrimoine, sports nautiques, cavaliers de l’estran, etc… etc…et même les chasseurs qui en arpentent les berges.

Que de problèmes communs à résoudre ! Algues vertes, envasement, désertification halieutique, mouillages et conchylicultures sauvages, vitesse, gestion des flux touristiques…

Comment faire pour qu’à l’époque où le gouvernement de la France met en place une réforme administrative territoriale de grande ampleur, l’entité ESTUAIRE soit prise en compte ?

Le groupe 1 du Grenelle de la Mer s’est penché sur « la délicate rencontre de la terre et de la mer ». Il propose la création de « contrats de projet BAYLIMER » (Bassin Hydrographique du Littoral et de la Mer).

Pourquoi nos élus ne lanceraient-ils pas un « BALYMER DU TRIEUX » ?

Les « Copains du Trieux » sont prêts à apporter leur énergie à un tel projet.



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